Interview par Wolfgang Hertel
C'est l'un de ces après-midis où l'été n'a pas vraiment l'air de savoir quoi faire. Le thermomètre affiche 80° Fahrenheit, et pourtant des nuages noirs et pluvieux ornent le ciel de Paris. Les agents de police devant le Palais de l'Elysée vous chassent de l'autre côté de la rue, car de toute évidence, vous devez garder une distance de sécurité. Cela ne me dérange pas, cependant, car c'est là que je trouve l'entrée de l'hôtel Le Bristol. Dans cet hôtel, un café coûte environ 9 euros, un sandwich club environ 41 euros. Et c'est là que l'interview de Kristen Stewart a lieu.
La jeune fille de 22 ans est arrivée dans la capitale française pour présenter Florabotanica, le parfum de Balenciaga. Elle remplace Charlotte Gainsbourg en tant que visage officiel de la marque. La manière dont elle se lève du vieux canapé de la suite au panorama immense de l'hôtel ne vous rappellent absolument pas la pâle Bella Swan qui se mordille la lèvre – le rôle dans les films Twilight qui a fait d'elle une superstar. Elle porte un veste bleue foncée à fines rayures avec un short et ce tee-shirt blanc avec un imprimé graphique de couleurs vives et des bottillons avec des talons d'une hauteur meurtrière – l'intégralité Balenciaga, bien sûr. Durant l'interview, elle s'assoit en tailleur à la manière d'un mec et vous regarde en permanence avec ses yeux verts lumineux et perçants. Elle est totalement concentrée, parle beaucoup et vite dans un anglais américain étonnamment vulgaire. Rien ne semble plus étranger à elle que la petite conversation habituelle de l'industrie de la mode . Elle rit beaucoup. Toutefois, les questions concernant Robert Pattinson et les affaires possibles sont naturellement interdites.
Glamour : A cause des films Twilight, les gens vous reconnaissent peu importe où vous êtes. Que se passerait-il, par exemple, si vous sortiez simplement de cet hôtel maintenant ?
Kristen Stewart : Parce qu'il s'agit d'un hôtel très prestigieux, les gens s'attendent en quelque sorte déjà à ce que des célébrités sortent de là. J'aurais probablement dû filer par le garage souterrain, mais cela n'aurait pas été un problème du tout.
Les gens ne commencent-ils pas à hurler lorsqu'ils vous voient dans la rue ?
Non, cela n'arrive qu'aux avant-premières ou des événements particuliers avec des fans. Cela n'arrive pas dans la vraie vie. Bien sûr, parfois une ou deux personnes demandent une photo et un autographe, mais c'est totalement normal.
Qu'est-ce qui n'est pas normal ?
Les photographes qui vous tendent des embuscades. Chaque fois que je viens dans une ville pour des interviews ou un film, ils le découvrent et sont déjà en train d'attendre à l'aéroport. Cette fois, ils ne l'ont en quelque sorte [pas découvert] – ils ne savent pas que je suis ici.
Avez-vous des gardes du corps ?
Lors de manifestations officielles, il y a environ un million de gens tout autour de moi, et pas seulement ceux de la sécurité. Et qui à eux-seuls attirent l'attention des gens. Les gardes du corps sont nerveux et les gens en quelque sorte remarquent leur tension. Et puis en général, tout commence par : 'Qui est-ce ? Regarde ! Oh, c'est Kristen Stewart !'. C'est agaçant. Si j'étais venue comme une personne normale, personne ne m'aurait probablement même pas remarquer.
Comment gérez-vous le fait que presque tout ce que vous faites et partout où vous allez apparaît sur Internet en un rien de temps ? Il n'a pas fallu cinq minutes pour découvrir qu'avant de venir à Paris, vous faisiez de la promotion en Australie. Ensuite, vous avez pris l'avion pour L.A., êtes allée à un concert de Jenny Lewis, et le lendemain vous étiez à une soirée de mariage dans le New Jersey ...
Je passe juste sous silence tous les potins et les signalements permanents me concernant. Tout le reste ne fonctionne tout simplement pas. Et il s'agit de simples faits [qui sont publiés sur la toile]. Les gens ne savent pas ce que j'ai fait exactement à cette soirée de mariage. Je n'ai jamais vraiment compris le concept. A quoi cela me servirait de voir sur l'écran de mon ordinateur que quelqu'un que je ne connais même pas personnellement a assisté à un mariage ? Et si un étranger me demandait comment était la soirée, je lui dirais juste : 'Pourquoi me demandez-vous des choses dont au fond vous ne pourrez rien savoir ? Croyez-vous à tout ce qui est dit sur le net ? Allez-vous faire foutre !'.
Le 22 novembre, le dernier volet de la Saga Twilight sortira [en Allemagne]. Etes-vous heureuse que ce soit enfin fini ?
Je suis soulagée. Non pas que ce soit enfin terminé, mais que nous ayons raconté une histoire de A à Z. Une histoire dans laquelle tous mes partenaires et moi avons investi beaucoup d'énergie. J'ai vécu dans le monde de Twilightpendant environ quatre ans – c'est une période très longue qui demande beaucoup de patience de votre part. Dieu merci, j'ai eu l'opportunité de faire des films plus petits, tels que The Runaways, Welcome to the Rileys et Sur La Routeentre [le tournage des films Twilight]. Sinon, je serais probablement devenue folle.
N'est-ce pas un battage médiatique autour de Twilight qui vous rend si folle ?
Vous ne pouvez pas laisser tout ce cirque vous atteindre. Je garderai toujours un bon souvenir de Twilight. Et je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer lorsque le film allait sortir en salles. J'avais accepté le rôle car j'aime les films. Bien sûr, les films sont seulement un divertissement, mais pour de nombreuses personnes les films en particulier signifient tellement plus. Je suis l'une de ces personnes. Les films peuvent vous dire quelque chose au sujet de la vie, ils peuvent vous aider à mieux la comprendre, ils peuvent éveiller votre curiosité, et être la raison pour laquelle vous mettez en doute certaines choses. Elles peuvent être foutrement importantes.
Est-ce la raison pour laquelle vous avez l'air si malheureuse sur les tapis rouges – car vous ne pouvez gérer ce battage ?
Je sépare absolument les choses les unes des autres . D'un côté, il y a le film et l'histoire que vous voulez raconter. D'un autre côté, il y a tout ce spectacle créé autour de lui. Dans le meilleur des cas, vous faites des scènes qui remuent des sentiments profonds à l'intérieur de vous dont vous n'aviez même pas connaissance. Et vous utilisez ces sentiments issus de votre propre vie. Lorsque les gens se plaignent que je suis maussade sur le tapis rouge ou que je ne devrais pas faire autant d'histoires et que je devrais être reconnaissante pour tout au lieu de faire la tête, je peux seulement dire que pour chaque film que je fais, je me donne à fond . Et ça c'est, de loin, la chose la plus importante pour moi.
Vous êtes le nouveau visage de Balenciaga. Qu'est-ce qui vous a séduit ?
J'admire des personnes comme Nicolas Ghesquière ou Mario Testino [NDLT : le directeur artistique de Balenciaga et le photographe de la campagne publicitaire] qui aiment ce qu'ils font plus que tout. Ils suivent un cheminement interne et c'est pourquoi ils sont là où ils sont. Et lorsque Nicolas m'a demandé si je voulais travailler avec eux, je n'ai même eu besoin d'y réfléchir. Je sais que ça va probablement sembler terriblement prétentieux, mais cela va simplement de soi.
Donc, vous ne pouvez pas vous échapper de la fascination qu'est le monde de la mode ?
Je n'aurais jamais travailler avec des gens qui ne sont pas vraiment créatifs et qui ne sont pas engagés dans ce qu'ils font. Malheureusement, il existe beaucoup de gens comme ça, ils sont foutrement partout, et ils essaient d'aspirer votre âme. Par exemple, je ne ferais jamais de campagne pour du maquillage, même si les [dernières] photos sur lesquelles je suis conviendraient vraisemblablement. Merci, mais ça ne m'intéresse pas.
Que voulez-vous faire à la place ?
Je remarque que, pour le moment, je suis dans une phase extrêmement intense de ma vie. J'ai la sensation que je pourrais me consumer de toute mon énergie à tout instant. Et je ne veux pas que ce feu brûlant à l'intérieur de moi me quitte. Donc je ne vais pas utiliser mon temps à tweeter à quel genre de mariage je suis.
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