samedi 22 décembre 2012

Kristen Stewart : Interview avec Garrett pour Vulture.




Kristen Stewart et Garrett Hedlund sont en plein milieu d'un jeu de questions/réponses. Ils sont assis dans une cour du Four Seasons de Beverly Hills par une chaude matinée de novembre, se regardant l'un l'autre de part et d'autre d'une petite table, attendant que l'autre craque en premier et réponde à ma question. Le seul mouvement vient de la fumée qui s'échappe de sa cigarette et le demi sourire qui se forme sur chacun de leur visage.

Tout ce que j'ai fait pour provoquer cette bataille de réponses a été de demander, 'Lequel d'entre vous ressemble le plus à votre personnage dans Sur La Route ?'. Dans la nouvelle adaptation cinématographique du roman emblématique de Jack Kerouac écrit lors d'un road trip (qui sort aujourd'hui de façon limitée), Hedlund joue le vadrouilleur charismatique Dean Moriarty, et Stewart a été engagée comme petite amie charnelle et libre d'esprit de Dean, Marylou. Aucun acteur ne veut se vanter qu'il ou elle ressemble énormément à un personnage littéraire emblématique, donc ça devient évident qu'une distribution de compliments mutuels de la part des deux est le seul moyen de se sortir de cette question. Mais qui aura le courage de lâcher prise et de se lancer en premier ?

'Il a beaucoup de Dean en lui', dit finalement Stewart.

'Il a beaucoup de dents en lui', répond Hedlund, dans une confusion moqueuse.

'Dean!', insiste t-elle, alors que les deux se mettent à rire. Ce n'est pas difficile d'amadouer un sourire de Stewart et d'Hedlund, même si leurs personnages à l'écran suggèrent le contraire. Les deux sont surtout connus pour leurs rôles sans détour et renfrognés dans des sagas à gros budgets – elle dans Twilight, lui dans Tron Legacy – et on peut voir ce qui les a attirés dans Sur La Route, un film qui n'est pas rempli par des programmes informatiques, mais de personnes en chair et en os, où les personnages ne sont pas morts-vivants, mais au contraire, vraiment vivants.

En vérité, Hedlund et Stewart sont les bien plus proches de leurs rôles qu'ils ne veulent vraiment l'avouer. Comme Neal Cassady, la figure de la Beat sur lequelle Dean est basé, Hedlund a grandi dans le centre, passant son enfance dans une ferme si éloignée qu'on doit prendre un vol à Fargo et conduire trois heures supplémentaires pour la trouver. Pour gagner le rôle dans Sur La Route, Hedlund a canalisé l'ambiance du roman et écrit plusieurs pages dans lesquelles il a mis sur âme à nu à propos de sa propre vie, les offrant au réalisateur Walter Salles après sa première audition en lui demandant, plein de sincérité, 'Puis-je lire quelque chose que j'ai écrit ?'. Ça a fonctionné.

Quant à Stewart, 'On ne pourrait attiré par un projet si on devait faire semblant', dit-elle. Bien que Marylou soit plus impétueuse et s'affirme plus sexuellement parlant que les autres personnages qu'elle a joué, Stewart affirme, 'Je n'ai pas l'impression que je suis en dehors de la personne que je suis quand je joue des rôles. Même si c'est très différent de la version visible que la personne que je suis, il y a toujours quelque chose au fond de moi'.




N'est-ce pas choquant d'aller d'un travail sur un blockbuster avec un écran vert comme Blanche Neige et le Chasseur à quelque chose d'aussi et intime et moite ? Encore une fois, Stewart fait un demi sourire ; elle a passé la plupart de sa carrière à alterner des films Twilight poids lourds avec des films indépendants à petit budget comme The Runaways et Welcome to the Rileys'Je ne veux pas de faire des gros films, car on devient en quelque sorte râleur et on se plaint avec les autres acteurs à propos de ce qui vous empêche de vraiment ressentir [les choses]', dit-elle avec un petit rire d'auto-dérision. 'Mais alors, à la fin de la journée, on peut être dans une salle blanche ; toute la chose à propos d'être un acteur, c'est qu'on doit avoir de l'imagination'.

Un manque d’inhibitions aide également. Dans Sur La Route, Hedlund joue un personnage sympa rempli de bravade de la Beat, mais on lui demande toujours de faire des choses dans lesquelles d'autres jeunes acteurs pourraient tressaillir, comme ôter ses vêtements, danser avec un abandon sauvage durant de longues prises, ou simuler du sexe hard avec Steve Buscemi. Demandez-lui de trouver la liberté d'aller dans ces endroits, et Hedlund vous surprend en osant citer non pas une icône vénérée comme Kerouac mais Ethan Hawke, dont le livre Ash Wednesday, dit-il, a fait grande impression sur lui en tant qu'adolescent.

'La seule chose qui vaut dans la vie, c'est l'humilité', cite Hedlund, qui ressemble vaguement à Hawka avec sa barbichette brune et ses aptitudes littéraires sérieuses. 'Brise l'ego, alors danse à travers la contradiction parfaite entre la vie et la mort'. Son explication : 'Ça vous encourage à ne pas marcher la tête baissée et les mains dans vos poches et être fermé à la vie, mais d'être ouvert et neutre et accessible à l'expérience de nombreuses voyages merveilleux durant cette courte vie qu'est la nôtre'.

Ces inhibitions n'abaissent-elles pas de manière permanente après avoir simulé des scènes de sexe poussées dans Sur La Route ? Stewart dit oui et reconnaît que, en général, elle est perçue comme une personne fermée, mais qu'elle trouve dessus.'C'est drôle ; en mettant en place des murs, on pense qu'on se protège, mais on s'empêche de vivre', dit Stewart. 'Si on se couche derrière un mur, alors on ne peut pas voir au-delà. On se prive de tellement [de choses] si on essaie d'être hyper conscient de ce qu'on met là-bas, vous savez ?'

Elle ajoute, 'Si on a l'impression qu'une personne abat ces murs, laissez-la faire. Ce sont les gens dont on a besoin de trouver dans la vie, plutôt que des gens avec lesquels on est juste à l'aise'.

Avec ça à l'esprit, il n'est pas étonnant qu'Hedlund et Stewart veulent mettre fin à notre conversation en discutant de Just Kids, le livre de Patti Smith à propos de son amitié artistique enrichissante et sur la définition de la culture avec l'artiste Robert Mapplethorpe. 'Ça a eu un effet relativement semblable sur moi lors que lors de la lecture de Sur La Route quand j'avais 15 ans', dit Stewart, qui est en train de lire le roman pour la deuxième fois. 'J'ai une grande envie de créer des trucs après l'avoir lu, de sortir et de trouver des gens, et de voyager'.

Lorsque j'évoque les déclarations récentes disant que Smith est une fan de Stewart – suggérant que peut-être un jour, elle pourrait se retrouver elle-même à apparaître dans une autre adaptation d'un livre bohème venant d'une autre époque – Stewart hésite et répond en rencontrant à nouveau le regard d'Hedlund. 'Je ne serais jamais le genre de personne comme Patti Smith qui a cette obligation de créer en permanence', rit-elle, confessant, 'On se sent quelque peu diminué [juste après l'avoir lu] ! On se dit, 'Mon dieu ! Je dois me reconstruire ! En fait j'ai besoin d'utiliser chaque seconde ! Pourquoi suis-je encore assise-là ?'.

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