lundi 24 décembre 2012

Kristen Stewart : Interview avec IndieWire.

     

 Traduction par Kstew France.

Il est facile pour le public d’oublier que si on enlève Twilight, Kristen Stewart a la plupart du temps travaillé sur des films indépendants. D’autres films de studio complètent son curriculum vitae – Jumper, Blanche Neige et le Chasseur, Panic Room, Zathura – mais à tout juste 22 ans, Stewart a une fibre indépendante au moins aussi profonde que toutes les chouchoutes des films indépendantes respectées telles que Michelle Williams et Catherine Keener. C’est simplement plus conséquent grâce à l’approbation du public de Stewart venant des distinctions Teen Choice/MTV Movie Awards.


Cela pourrait changer cette année.

L’ouverture sexuelle de Stewart, la performance libre d’esprit en tant que Marylou dans l’adaptation par Walter Salles et Jose Rivera de la bible de Beat de Jack Kerouac Sur La Route peut être secondaire vis-à-vis de la relation centrale de Sal Paradise et Dean Moriarty, mais elles ont provoqué énormément de discussions fiévreuses à propos de la soudaine évolution ou de la prise de risque supplémentaire de Stewart en tant qu’actrice. De nombreux observateurs ont souligné le ‘choc’ de sa volonté d’apparaître nue à l’écran comme preuve à l’appui.

Mais il s’agit plus du reflet de l’importance du rôle virginal de Bella Swan dans cinq films Twilight qui a bousculé la conscience populaire au cours des quatre dernières années. Ce n’est pas la faute de Stewart. Réellement, elle est demie vêtue ou ouvertement libidineuse également dans Into The WildThe Runaways et Welcome to the Rileys, et c’est comme si ce travail avait été effacé de son histoire.

Pourtant, il y a du vrai dans le sens où Stewart a même laissé tomber ses défenses dans Sur La Route, et il ne pouvait pas être que dans la scène de danse en transe vers la fin du film de Salles (plus à ce propos de la part de Stewart ci-dessous). IFC Films plaçant une foi sans faille dans le film, qui sort vendredi 21 décembre, Stewart a partagé quelques idées avec Indiewire à propos de la manière dont la première lecture de Sur La Route à déclenché sa recherche de l’aventure dans les gens, sa réaction ambivalente d’avoir des scènes de sexe coupées dans le film et ce que jouer Marylou lui a appris sur la manière ‘d’être complètement motivée par les craintes de la vie plutôt qu’être paralysée par celles-ci’.

Journaliste : Qu’est-ce qui a changé dans la version du film de Cannes et celle qui a été montrée à Toronto, et plus particulièrement ce qui a trait à votre personnage ?

Kristen Stewart : C’est un peu plus long, mais ce n’est pas la seule différence. Il y a tellement de possibilités différentes dans lesquelles on peut se diriger avec cette histoire. On lit le livre et on choisit quelle route on veut prendre. On peut avoir une expérience différente à chaque fois qu’on le lit. Je pense que Walter voulait canaliser la plupart de l’énergie – même si on peut probablement avoir de multiples expériences en regardant le film – il voulait vraiment se concentrer sur la fraternité, se concentrer sur Dean et Sal. Le premier est juste un peu plus languissant. Je ne veux pas dire c’était une version un peu plus libre …

Il s’agit encore d’une version libre. C’est censé être jazzy.
C’est ce que je veux dire. Ca l’était peut-être seulement un peu plus. Mais maintenant, il vous mène certainement vers un endroit où, à la fin, pour les deux, on est tout simplement très investi en eux. Non pas qu’on ne l’était pas auparavant, c’était juste un peu plus facile de prendre des chemins différents. Mais c’était parfait pour le public de Cannes.



Pour ce qui est de ton personnage, de quelle manière votre perspective a-t-elle changé entre le scénario et la première version puis de la seconde version ?
De prime abord, la première était plus osée. On fait ces scènes, en particulier, et on regarde en arrière et on se dit,‘mais qu’est-ce que ce bordel parmi ce qu’on a fait ?’ [rires] ‘Walter, c’est quoi ce bordel ?’ Non, je plaisante.

Il y a toujours une bonne quantité de sexe dans la nouvelle version.
Oui, il y en a, sans aucun doute.

Dont ça ne vous a pas manqué dans la seconde version ?
Je ne sais pas. La dernière chose que je veux, c’est que les gens se concentrent que là-dessus, donc je suis contente, car il y en a assez. Mais en même temps, c’est aussi le propos. Il y avait certainement des moments qui en valaient la peine, mais peu importe. Si je reviens aux sources, j’ai lu le livre quand j’étais en seconde.

Au lycée ? C’est assez tôt.
J’ai grandi à L.A, j’avais 13 ou 14 ans. C’est très jeune. D’un côté, ça a ouvert pas mal de portes pour moi. Soudainement, j’ai eu très envie de lire. Ca a vraiment être le déclencheur. C’était le tout premier. Je n’ai pas pensé une seconde que j’étais le genre de personne qui pourrait jouer Marylou. Jamais. Pas une seule seconde. J’aurais fait n’importe quoi sur le film, donc j’ai accepté le rôle quand j’avais 17 ans en ayant pas – ce qui est une chose très irresponsable à faire en tant qu’actrice ; on ne peut pas accepter un rôle à moins qu’on pense pouvoir le faire – mais je me disais, je ne peux pas dire non à Sur La Route. Je dois essayer. Probablement car c’est le genre de personnes que je veux rencontrer. Je veux trouver ces personnes et leur courir après.

Les fous’.
Ouais. Je pense que 14 ans est l’âge auquel j’ai levé les yeux et réalisé qu’on aura à choisir ces gens plutôt que simplement être à l’aise avec les gens qui vous entourent de manière circonstancielle. Genre, sortir et trouver ceux qui vous poussent foutrement hors de vous ! Car [Marylou] n'est pas au premier plan de l'histoire, elle est en périphérie, on ne sait pas vraiment ce qu'il y a dans sa tête et dans son cœur lorsque l'histoire est racontée dans le roman. Je pense qu'apprendre à connaître la femme derrière le personnage, d'être capable de relier les éléments – car je suis une fille classique, sensible, contemporaine qui est certainement à mille lieux d'être à l'aise avec elle-même et la vie – elle avait ça et elle était si jeune. Ce n'était pas un truc d'adolescent, d'être complètement motivée par les craintes de la vie plutôt qu'être tétanisées par celles-ci. C'est pour ça que c'est vraiment une très bonne chose que j'ai grandi en quelques années – j'avais 20 ans au moment où le film a été fait. Même si elle avait 16 ans quand l'histoire a commencé, j'étais plus jeune qu'elle à 16 ans, je n'étais pas encore comme ça.

C'est une chose capitale que de jouer un rôle tel que celui-ci. J'ai aussi vu Welcome to the Rileys. Et évidemment, le personnage que vous jouez exige une énorme sexualité ouverte.
Mais elle est beaucoup plus fermée. Les murs épais que cette fille a érigé était donc … c'était beaucoup plus difficile, pour moi, car je ne suis … pas comme ça. Mais Welcome to the Rileys était difficile car c'était un sujet foutrement terrible, c'était assez morbide. Ce fut certainement beaucoup plus amusant.

Lorsque vous réfléchissez au choix des rôles, et que vous savez que vous allez faire des choses comme ça et faire ressortir cette partie de vous-même – particulièrement si ce n'est pas naturel pour vous – où allez-vous chercher ça ?
Les acteurs qui disent qu'ils veulent vraiment sortir d'eux-mêmes et jouer des personnages qui sont très différents d'eux …

Comme les méchants. On va entendre quelqu'un dire, 'Je peux faire sortir toute ma rage ...'.
Vous voyez, c'est ça le truc. Ils ont quand même la rage. Vous voyez ce que je veux dire ? On ne peut pas l'avoir. Même si c'est enterré très profondément. C'est un peu ce qui se passe quand on lit un scénario et qu'il vous provoque à un niveau qui vous étonne. On se dit, 'C'était quoi ce bordel ? J'ai besoin de savoir pourquoi ça m'a ému car ce n'est pas qui je suis'. Habituellement, ce sont pas les aspects de vous-même qui sont clairs pour vous, mais ils sont toujours là. Donc, faire un film, c'est toujours découvrir la raison qui fait que sa lecture est une telle expérience.

Donc … ?
[Rires sans réponse]

Sans vouloir trop insister là-dessus, qu'avez-vous découvert ?
Que je peux laisser mon visage traîner. Ce n'est certainement pas mon tirage de cartes préféré, mais … on se prive de la vie dès qu'on commence à ériger ces murs. Je n'ai jamais rencontré un autre personnage/ une autre personne dans ma vie qui a profité de chaque chose comme elle l'a fait. Ça ne veut pas dire que je suis juste comme Marylou maintenant. Ce n'est pas comme, 'Oh, je peux maintenant enfin être libre …' Je ne sais pas. J'y a vraiment goûté ; donc je sais que je l'ai en moi. Tu vois ce que je veux dire ?

Il serait facile de se concentrer sur l'aspect sexuel, mais il semble que vous le preniez dans un sens plus large.
Ouais, le faire, malgré tout ? Honnêtement ? La scène de danse était bien plus terrifiante que toutes les scènes de sexe l'ont été pour moi. J''avais tellement peur.

C'est difficile de danser devant vos amis. Comment faites-vous une danse d'une autre époque dans un gigantesque film ?
On était entassés, je crois, avec 60 figurants dans une pièce minuscule. Je pouvais carrément sentir le sol vibrer. C'était vachement cool. Mais j'étais terrifiée.

Donc, cela avait en fait plus impact ou c'était plus intense que n'importe quelle autre scène de sexe ?
100 fois. 100 fois, ouais.

Jodie Foster a toujours ça à propos de The Accused. Que des scènes de viol étaient difficiles, certes, mais la chose la plus difficile était la scène de danse précédente, lorsqu'elle devait danser de manière sexy.
Oh. Totalement, bien sûr. Ce serait tellement plus difficile. C'est vraiment intéressant. C'est totalement logique pour moi.

Votre approche de la raison pour laquelle vous choisissez un rôle dans un film indépendant a t-elle changé au cours des dernières années ?
C'est quelque chose de très particulier., c'est un travail très étrange à faire. On fait semblant d'être une autre personne et on laisse un tas de gens vous regarder faire. Beaucoup de gens sont attirés par le travail peuvent faire l'impasse [de ce fait] et voir leur carrière dans son ensemble et la façonner, et se dire, 'Je veux finir là ...'. Je n'ai absolument aucune idée de ce que je veux faire jusqu'à ce que ce soit devant moi. Donc, j'ai vraiment eu beaucoup de chance, tout a été très varié.

Bien. Mais sans doute, à un moment donné, il n'y a pas un seul projet auquel vous devez répondre, et donc vous devez choisir. Vous avez aussi des agents et des managers qui font pression avec leurs propres raisons et leurs plannings.
C'est vrai. Je pense que s'ils font pression, alors ce sont des génies – et je ne pense que ce se passe comme ça – en termes de canaliser les choses à mon insu.

Vous vous convainquez que c'était votre idée.
Ou peut-être tout simplement en ne me montrant pas tout, en me montrant uniquement ce qu'ils veulent que je fasse. Effectivement parfois ça me fait peur. Mais pour être vraiment honnête avec vous, je ne peux pas faire les choses comme ça. Parfois, les films commencent comme des idées. Les énormes films de studio notamment. Il y a un concept avant qu'il y ait un personnage, et ils sont complètement vides.

D'accord, mais pour jouer l'avocat du diable, où allez-vous aller avec votre personnage dans une suite de Blanche Neige ?
Oh, ça va être foutrement étonnant. Non, je suis excitée, c'est fou.

Pouvez-vous me donner un indice de la direction qu'il prend ?
Je ne suis pas autorisée. L'autre jour, j'ai dit qu'il y avait une forte chance qu'on fasse une suite, et c'est véridique, mais tout le monde disait, 'Wow, arrête d'en parler'. Donc, pour le moment, je ne suis absolument pas autorisée à en parler.

Mais c'est juste de dire qu'il y a des idées qui ont été discutées et qui sont totalement justifiées pour vous.
Oh mon dieu. Putain, ouais. Carrément. Et on en a une vraiment incroyable … [sourires] Alors, ouais. C'est tout bon. [rires]

Cela vous fait quoi de vous regarder faire l'amour ? En mettant de côté la possibilité que vous ayez des enregistrements à la maison ou autre chose ?
Bien. [rires] Eh bien, je n'avais pas vraiment de relations sexuelles. Pour être honnête, je pense que si on isole les scènes, c'est assez ridicule de vous regarder vous-même avoir de fausses relations sexuelles. Mais [avec ces scènes] dans le film, en regardant le film, j'étais tellement été prise dans celui-ci. Je l'ai vu trois fois, et ce n'est pas habituel pour moi. Je dois terminer le processus, j'ai besoin de regarder le film à la fin de celui-ci. Mais trois fois ?

Pourquoi celui-ci alors ?
Je ne sais pas. Walter aurait pu même réduire à un film de 24 heures. J'ai regardé le film, et c'est drôle, je me souviens de ces moments comme s'ils font partie de ma vie. Et cela se produit généralement lorsqu'on regarde un film, celui-là est étrange car je ne peux pas identifier chaque scène. Il y a des parties, des moments, où je n'ai pas l'impression que je regarde une vidéo maison. Et je sais que semble être une discussion folle.

C'est également la manière dont il a été tourné. Il est fait pour être vécu de l'intérieur.
A 100%. Donc, ça ne me semble pas étrange. J'ai l'impression que regarder Welcome to the Rileys était plus bizarre. Mais c'était le propos – c'était un peu comme, on n'a pas vraiment envie de le regarder.

Car dans celui-ci, Marylou en profite.
C'est foutrement amusant ! Celui-là est carrément rempli d'amour.

Quel est votre opinion vis-à-vis de la période des récompenses ? Ça doit être un truc bizarre pour quelqu'un dans votre position quand il y a des entreprises qui essaient de gagner de l'argent, et où il y a un certain aspect commercial lors de cette période de l'année et un film comme celui-ci. C'est sans doute le film le plus important qu'IFC Films ait sorti. Cela signifie que quelqu'un comme vous est mis dans la position de le promouvoir. Quel est votre opinion vis-à-vis de votre rôle dans tout ce processus ?
Je suivrais Walter n'importe où. Je suis tellement fière de lui. Je ferais la promotion de son truc auprès de n'importe qui dans le monde. J'ai l'impression c'est d'une logique totale – me tenir debout aux côtés de Garrett et Walter et Sam et Tom et tout le monde, comme quand on était à Cannes, c'est tellement logique pour moi. Je ne suis jamais sentie si forte. J'aime vraiment parler du film, donc faire de la presse est en fait quelque chose d'assez amusant – je ne raconte pas mes conneries.

Ce n'est donc pas un type de presse différent de celle pour Twilight ?
Ça l'est, mais c'est juste un peu moins monotone car les gens veulent en fait avoir des conversations à ce propos.

Plutôt que, 'Oh mon dieu, vous êtes Bella … je ne peux pas respirer'.
[rires] Ouais, exactement. Ou alors, 'Ça fait quoi d'être un vampire' ?

Combien de fois diriez-vous que vous l'avez entendu celle-là ?
Honnêtement. Des centaines de fois. Je ne plaisante pas.

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